Hier, une assistante d’éducation a été mortellement poignardée par un élève de 14 ans à l’entrée du collège où elle exerçait ses fonctions, pendant un contrôle des sacs et cartables des élèves effectué par la gendarmerie.
Aussitôt, comme cela est devenu courant, une hystérie collective s’empare des esprits. L’extrême droite exprime son refrain sécuritaire avec véhémence. L’opinion publique exige que le gouvernement prenne des mesures immédiates pour endiguer ce qu’elle qualifie de « chaos », tandis que le gouvernement s’engage à adopter de nouvelles mesures de répression des libertés publiques — sa seule réponse apparente.
Un comportement grégaire se manifeste. Unanimité pour dire que la société devient de plus en plus violente. Cette tendance est attribuée aux immigrés, l’incapacité du gouvernement à contenir la violence des jeunes est déplorée. L’installation de portiques de détection de métaux à l’entrée des établissements scolaires est envisagée, la justice est jugée laxiste. Dans ce concert unanime, aucune voix dissidente ne s’élève ni n’est tolérée.
Cette situation sera débattue pendant deux jours, puis, comme un clou chassant l’autre, nous passerons à une nouvelle crise.
La demande sociale se manifeste toujours de la même manière en cas de crise : hystérie émotionnelle et comportement grégaire. Nous sommes tous censés ressentir peur et colère en permanence. Ne pas remettre en question la vision dominante est conseillé ; nous unir à l’exigence d’une action — quelle qu’elle soit — est préférable.
Ce constat revient constamment : l’hystérie est absurde, les réactions de l’opinion sont irraisonnées ou simplistes.
Face à la dérive violente de certains jeunes, la nécessité de réprimer cette violence avec une sévérité accrue est exigée. Pourtant, l’incarcération et les amendes lourdes dissuadent peu, voire aggravent souvent la situation. La restriction de l’usage des écrans et des applications sociales, voire l’interdiction des smartphones, est envisagée sans interroger ni étudier le lien causal ni les conséquences néfastes de telles privations. L’installation de portiques de détection de métaux à l’entrée des collèges est projetée, bien que les couteaux en céramique ne soient pas détectables. Rappelons que l’assistante d’éducation a été agressée à l’extérieur du collège pendant une fouille des sacs sous protection de la gendarmerie.
L’état psychologique — voire psychiatrique — de ces jeunes devrait être au centre des préoccupations, avec des moyens pour détecter et prévenir les risques de passage à l’acte. Cela nécessiterait davantage d’infirmières scolaires et de psychologues conseillers, une écoute renforcée des professeurs et des élèves et un suivi effectif des signalements de comportements à risque.
Des accidents tragiques surviennent et continueront de survenir. La récurrence de ces événements dans notre société suscite une juste inquiétude. Toutefois, je ne suis pas convaincu que les mesures prises sous l’emprise de l’émotion et de la pression populaire soient toujours raisonnables ni, surtout, efficaces. Des lois existent déjà ; commençons par les appliquer et observons si cela contribue à réduire la violence. Parallèlement, il est essentiel de nous préoccuper de l’état mental des jeunes.